Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/357

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timent  ; mais c’en est une espèce particulière, et différente du sentiment proprement dit[1]).

IX. Il y a quelque différence entre chercher et délibérer ; car délibérer, c’est chercher quelque chose. Il s’agit donc de marquer avec précision quels sont les caractères d’une sage résolution[2], de savoir si elle est une science, une opinion, une heureuse rencontre, ou quelque autre chose.

Et d’abord, elle n’est pas une science ; car on ne fait point de recherches sur les choses que l’on sait : or, une sage résolution est l’effet d’une délibération ; et celui qui délibère, cherche et raisonne, ou calcule en quelque sorte. Elle n’est pas non plus un hasard heureux, une heureuse rencontre : car il n’entre point de raisonnement dans ces sortes de choses ; elles s’offrent tout-à-coup à l’esprit, au lieu que l’on délibère pendant un temps plus ou moins long [pour prendre un parti], et l’on dit communément qu’il faut exécuter avec prompti-

  1. Il semble que notre auteur veuille distinguer ce qu’il appelle la prudence (c’est-à-dire, le bon sens) de la faculté générale de sentir, ou d’avoir des sensations ; mais, à vrai dire, on a peine à reconnaître clairement sa pensée, exprimée d’une manière beaucoup trop succincte, et qui peut-être est ici, comme dans plusieurs autres endroits de ce traité, plus subtile que vraie.
  2. Voy. M. M. l. 2, c. 3, où notre auteur en donne cette définition : « La sage résolution est une habitude, ou une disposition, ou quelque chose de ce genre, qui s’occupe des mêmes objets que la prudence ; qui conduit aux résultats les plus excellents et les plus utiles, dans tout ce qui peut s’exécuter. »