Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/363

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aussi appelé sagacité, prudence, intelligence, puisque l’on attribue l’intelligence aux mêmes personnes en qui l’on reconnaît un jugement sain, et qu’on les appelle des hommes prudents et entendus. C’est qu’en effet, toutes ces qualités s’appliquent ou se rapportent aux choses particulières et aux derniers termes [ou éléments, pour ainsi dire, de la délibération]. Aussi le discernement, dans les choses dont juge la prudence, distingue-t-il l’homme intelligent, et judicieux, ou indulgent ; car l’équité est le trait caractéristique et commun de tout ce qu’il y a de bon et de bien dans les rapports d’homme à homme. D’un autre côté, tout ce qui peut s’exécuter est du nombre des choses particulières, ou compris dans les derniers termes[1], et ne doit pas être ignoré de l’homme, prudent. Or, la sagacité et le jugement s’appliquent aux choses qui sont à exécuter, et qui sont [comme on vient de le dire] les derniers termes ; mais l’esprit embrasse les deux sortes d’extrêmes, puisque les premiers [les principes, ou maximes générales], et les derniers [ou les résolutions définitives] sont également de son ressort, et non pas [également] du ressort du raisonnement ou de la raison. Celle-ci s’occupe des termes immuables et primitifs [ou généraux] dans le procédé dé démonstration [qui lui est propre] ; mais, quand il est question d’agir, c’est l’esprit qui intervient, parce que l’autre ex-

  1. C’est-à-dire dans ce qui est le produit d’une résolution définitive, et le dernier terme de la délibération.