Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/388

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car toute action est dans la classe des choses particulières. Il y a même de la différence entre les propositions générales ; car les unes peuvent être relatives à l’homme lui-même, et les autres à la chose : par exemple, [si l’on dit] que les aliments secs sont utiles à tous les hommes, et que tel individu est homme, ou que tel genre de substances est au nombre des aliments secs ; mais que l’on ne sache pas si tel aliment particulier est de ce genre, ou qu’on n’y pense pas, il pourra, sans doute, y avoir une différence extrêmement considérable, eu égard à ces manières [de faire usage des diverses sortes de propositions] ; en sorte que le raisonnement pourra ne point paraître absurde, si on les emploie sciemment de telle manière, et fort étrange, si on s’en sert autrement.

Enfin, on peut encore avoir la science d’une autre manière que celles que nous venons d’indiquer : car nous voyons qu’il y a une différence sensible dans la situation des gens qui l’ont, et qui en font, ou qui n’en font pas usage ; en sorte qu’ils semblent, à certains égards, l’avoir et ne l’avoir pas : tel est le cas d’un homme endormi, dans un état de démence ou d’ivresse, ou qui est agité par quelque passion violente, ce qui produit un effet

    tempérant : il est possible qu’il sache avec certitude qu’en général tel genre d’actions est nuisible et répréhensible, et que pourtant il ignore que telle action, en particulier, est de ce genre, en sorte que, malgré la connaissance générale qu’il a, il pourra pécher contre la science. »