Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/437

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légale, ou fondée sur des conventions. On doit généralement regarder les bienfaits, comme le résultat d’une amitié de ce genre, et rendre, autant qu’il est possible, plus qu’on n’a reçu. — XIV. Il faut, en cas d’inégalité ou de disproportion entre les amis, que chacun d’eux trouve pourtant quelque avantage dans l’amitié, et, par conséquent, qu’il s’y établisse une juste compensation, comme dans les états bien ordonnés, où l’on n’accorde des récompenses pécuniaires ou honorifiques qu’à ceux qui rendent des services à la chose publique. Il en est autrement par rapport aux liens de famille : un fils ne peut jamais se regarder comme complètement acquitté envers son père.



I. L’AMITIÉ est une vertu, ou du moins toujours unie à la vertu[1]. Elle est ce qu’il y a de plus nécessaire à la vie ; car il n’est personne qui consentît à vivre privé d’amis, dût-il posséder tous les autres biens. En effet, c’est quand on possède,des richesses considérables, des dignités, et même la puissance souveraine, que l’on sent principalement le besoin d’amis ; car à quoi servirait cette surabondance de biens et de pouvoir, si l’on n’y joignait la bienfaisance, qui s’exerce ou se pratique principalement à l’égard de nos amis, et qui mérite alors les plus justes louanges ? Comment entretenir même et conserver tous ces biens, puisque si l’on

  1. Le même sujet est traité dans la Morale à Eudemius (l. 7, c. 1—15), dans la Grande Morale (l. 2, c. 11-17), dans le Banquet et le Lysis de Platon. Voyez aussi, dans Plutarque, les traités Comment on peut discerner le flatteur d’un ami. — De la pluralité des amis. — Cicéron, Lælius s. De Amicitia, etc.