Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/541

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

absolu, parce qu’il voyait que tous les êtres cherchent avec ardeur le plaisir, tant ceux qui ont la raison en partage, que ceux qui en sont dépourvus ; parce qu’en tout on préfère ce qui est bon, et que [par conséquent] ce qu’on désire le plus doit être ce qu’il y a de plus excellent ; parce que l’entraînement universel, qui porte tous les êtres vers le plaisir, lui semblait être un indice de l’excellence de sa nature, puisque chaque être trouve toujours ce qui lui est bon [dans tout le reste], comme en fait d’aliments ; enfin, parce que ce qui est bon pour tous, et que tous désirent avec ardeur, est le bien par excellence.

On avait confiance dans ces discours, plutôt à cause des vertus morales de leur auteur, qu’à cause de leur vérité propre ; car il passait pour un personnage d’une éminente sagesse. Ce n’était donc pas comme ami de la volupté qu’il semblait tenir un pareil langage, mais parce qu’il le croyait véritable.

La chose ne lui semblait pas moins évidente, en la considérant sous le point de vue opposé. Car la douleur est par elle-même ce que tout être doit fuir ; et le contraire, ce qu’on doit préférer : or, ce qu’on préfère surtout, c’est ce qu’on ne recherche jamais en vue d’autre chose ; et telle est, d’a-

    des lois à sa patrie, et le témoignage que rend ici Aristote à son caractère moral, prouve qu’il était digne de la confiance de ses concitoyens. Voyez Diog. Laert. l. 8, § 86— 91, et les notes de Ménage.