Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/551

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seulement cela est vrai, en général ; mais cela l’est même pour la marche, en particulier. Car, si l’on considère le point de départ et le terme vers lequel on tend, le mouvement ne sera pas le même dans le stade et dans une partie du stade, ou dans telle ou telle autre partie. Il ne sera pas le même pour décrire une ligne ou une autre : car non-seulement on parcourt cette ligne, mais on la parcourt dans un lieu où elle n’est plus la même que dans un autre. Mais nous avons traité ailleurs ce sujet avec beaucoup de détail[1].

On voit donc que le mouvement n’est pas complet et parfait dans tout intervalle de temps quel qu’il soit, mais que la plupart des mouvements sont imparfaits et d’espèces diverses, si la considération du point de départ et de la direction constituent des espèces différentes. Au contraire, l’espèce du plaisir est parfaite et complète dans quelque intervalle de temps que ce soit. La volupté et le mouvement sont donc des choses essentiellement différentes l’une de l’autre ; la volupté est du genre de celles qui sont entières et parfaites. C’est ce dont on peut se convaincre, en considérant qu’il n’est pas possible que le mouvement s’exécute sans la condition du temps ; au lieu que le plaisir existe indépendamment de cette condition ; car celui qu’on éprouve dans le moment actuel est quelque chose de complet et d’entier. Ce qui prouve aussi que l’on a tort de dire que le plaisir soit mouvement

  1. Voyez Auscultat. Physic. l. 3, c. 5, etc.