Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/552

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ou génération ; car cela ne saurait se dire que des choses qui sont divisibles, et qui ne composent point un tout. Ainsi l’on ne peut pas dire de la vue qu’elle soit génération ; on ne peut le dire ni d’un point, ni d’une monade [unité] : aucune de ces choses n’est donc ni génération ni mouvement, et, par conséquent, la volupté ou le plaisir ; car il est un tout indivisible.

Comme chacun de nos sens agit sur l’objet propre à l’affecter, et comme un sens bien disposé agit d’une manière parfaite, quand il est affecté par le plus beau des objets propres à faire impression sur lui (car c’est là surtout ce qui semble constituer la perfection de l’action ; et peu importe qu’on attribue cette action au sens lui-même, ou à l’objet dont il est affecté), on peut conclure de là qu’en chaque genre, l’action la plus excellente est celle du sens le mieux disposé sur le plus admirable des objets soumis à son action. Elle sera donc aussi la plus parfaite et la plus agréable ; car chacun de nos sens est susceptible d’éprouver du plaisir, et l’on peut en dire autant de nos facultés de réflexion et de contemplation. L’action des sens la plus agréable est donc la plus parfaite, et la plus parfaite est celle du sens le mieux disposé par rapport à ce qu’il y a de plus accompli parmi les objets dont il reçoit les impressions. Cependant, c’est le plaisir qui rend l’action parfaite, mais non pas de la même manière que l’objet sensible rend le sens parfait, quand l’un et l’autre sont dans une condition ou situation convenables ; de même que la