Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/570

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intelligence. Une telle vie[1] est donc, en effet, la plus complètement heureuse.

VIII. On peut placer au second rang la vie conforme aux autres vertus [ou aux vertus morales] : car les actions auxquelles elles donnent lieu sont purement humaines, puisque la justice, le courage et les autres vertus que nous pratiquons dans les transactions mutuelles, dans les affaires, et dans les circonstances de tout genre où nos passions interviennent, observant, à l’égard de chaque personne, ce qui est convenable, sont toutes choses qui composent la vie humaine. Il semble aussi que, dans bien des cas, les affections ou impressions purement corporelles exercent quelque influence, et que souvent la vertu morale a une affinité très-grande avec les passions ; la prudence s’associe également à cette même vertu morale, et celle-ci à la prudence[2], s’il est vrai que les principes de cette faculté ou habitude sont conformes à ce genre de vertus ; d’un autre côté, ce que celles-ci ont de régulier, l’est à la prudence : or, ces choses étant indissolublement unies, ne peuvent se trouver que dans un sujet complexe ; elles sont donc les vertus ou propriétés d’un être composé, elles sont donc purement humaines, et, par conséquent, il en faut dire autant de la vie qui y est conforme, et aussi

  1. Conforme à la raison, ou aux vertus intellectuelles, selon l’expression d’Aristote.
  2. Voyez ci-dessus ce que notre auteur dit de la prudence, l. 6, c. 5.