Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/576

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n’en juge que par les circonstances extérieures, n’étant capable d’être frappé que par elles. Au reste, les opinions des sages confirment très-bien ces raisonnements ; et sans doute cela est fait pour leur concilier l’assentiment des hommes : mais, quant aux règles de conduite, c’est surtout par les faits et par la manière de vivre que l’on juge de leur vérité, car c’est là ce qu’il y a d’essentiel. Mais il faut considérer avec attention ce qui a été dit dans tout ce Traité, et y rapporter les actions et toute la suite de la vie ; les approuver quand elles sont d’accord avec la doctrine, et, quand elles ne s’accordent pas, n’y voir que des paroles et des raisons frivoles.

Quant à l’homme dont les actions sont dirigées par l’intelligence, et qui cultive soigneusement sa raison, on peut le considérer comme ayant reçu de la nature les dispositions les plus précieuses, et comme le plus digne de la faveur des Dieux. Car, s’il est vrai qu’ils prennent quelque soin des affaires humaines, comme il le semble, il y a lieu de croire qu’ils prennent plaisir à voir ce qu’il y a au monde de plus excellent et de plus analogue à leur nature (or, ce ne peut être que l’esprit ou l’entendement), et qu’ils récompensent par leurs bienfaits ceux qui savent en connaître le prix et s’y attacher avec

    d’être appelé heureux, qu’autant qu’on est ou riche, ou élevé en dignité, ou beau. Et peut-être croyait-il lui-même que celui qui vit exempt de peines, et pur de toute injustice, occupé de méditations sublimes, est celui qu’on peut, comme homme, estimer véritablement heureux. »