Page:Aristote - Physique, II (éd. O. Hamelin).djvu/39

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intérieur, aboutissent à un terme final. Or, de chacun de ces principes dérive un terme final différent de celui des autres et qui n’est pas quelconque : cependant elles vont toujours chacune vers le même terme, si rien ne les empêche.

Il est vrai que la chose qu’on a en vue et ce qui est en vue d’elle peuvent au besoin être produits par la fortune. Par exemple, nous disons que l’étranger est arrivé par fortune et que, ayant délié le prisonnier, il l’a laissé aller, lorsque l’étranger a fait cela comme s’il était arrivé en vue de le faire, n’étant pas cependant arrivé en vue de cela. Et cette réalisation de quelque chose qu’on pourrait avoir en vue a lieu par accident : car la fortune est, comme nous l’avons dit plus haut, au nombre des causes par accident. Mais lorsque cette réalisation a lieu toujours ou le plus souvent, alors elle n’est pas un accident ni un effet de la fortune ; or les choses naturelles arrivent toujours, ou la plupart du temps, de telle manière déterminée, pourvu que rien n’empêche.

Quant à penser qu’il n’y a pas action en vue de quelque chose, parce qu’on ne voit pas le moteur délibérer, c’est absurde. Car l’art lui-même ne délibère pas, et certes, si l’art de construire les vaisseaux était dans le bois, il agirait comme la nature ; si donc il y a dans l’art de l’action en vue de quelque chose, il y en a aussi dans la nature. Toutefois, c’est surtout dans le cas où un homme se guérit lui-même que cette conformité de la nature avec l’art est évidente : car la nature ressemble à cet homme. Il est donc clair que la nature est une cause et cause en ce sens qu’elle agit en vue de quelque chose.