Page:Aristote - Physique, II (éd. O. Hamelin).djvu/41

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Et le nécessaire est, en un sens, à peu près de même espèce dans les mathématiques et d’autre part dans les productions de la nature. En effet, la droite étant ceci, il est nécessaire que le triangle ait ses angles égaux à deux droits, mais de cette dernière proposition on ne tirerait pas la précédente, bien que, si la dernière n’est pas vraie, la droite, à son tour, n’existe plus. La différence est que dans les objets produits en vue de quelque chose l’ordre est inverse : s’il est vrai que la fin sera ou si elle est, il est vrai que l’antécédent sera ou qu’il est ; mais, dans le cas présent, la fin et la chose qu’on a en vue ne seront pas si l’antécédent n’est pas, de même que, dans l’autre cas, le principe ne sera pas si la conclusion n’est pas ; car la fin est principe aussi, non de l’exécution mais du raisonnement, tandis que dans l’autre cas, le principe est principe du raisonnement, puisqu’il n’y a pas d’exécution. Ainsi, étant vrai qu’il y aura une maison, il est nécessaire que telles choses soient faites, ou encore qu’elles soient ou existent ; d’une manière générale il est nécessaire, s’il doit y avoir une maison, que la matière appropriée, des tuiles et des pierres, par exemple, soit aussi ; et pourtant la fin, s’il est vrai qu’elle sera, n’est pas ni ne sera pas par ces choses, sauf en tant qu’elles sont sa matière ; bien que, d’une manière générale, si ces choses ne sont pas, il soit vrai que ni la maison ne sera, ni la scie, l’une sans les pierres, l’autre sans le fer, non plus que dans l’autre cas, si le triangle ne vaut pas deux droits, les prémisses ne subsisteront.

Il est donc évident que le nécessaire dans les choses naturelles, c’est ce qu’on énonce comme leur matière et les mouvements de celle-ci. Et le physicien doit parler des deux sortes de causes, mais surtout de celle qui dit en vue de quoi est l’objet : car c’est la cause de la