Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/285

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VII. Semblablement, on leur inflige un blâme d’après des faits contraires, en examinant quel est le fait à eux imputable soit en réalité, soit en apparence ; celui-ci, par exemple, qu’ils ont asservi les Grecs, même après les avoir eus pour alliés contre le Barbare, et qu’ils ont emmené en esclavage des citoyens d’Égine et de Potidée qui s’étaient distingués par leur conduite. On relèverait tous les autres procédés de cette sorte et toute autre faute qu’ils auraient commise. C’est ainsi que, dans l’accusation et dans la défense, l’examen des circonstances amène à accuser et à défendre.

VIII. Il n’importe en rien qu’il s’agisse des Athéniens, des Lacédémoniens, d’un homme ou d’un dieu, pour recourir à cette même pratique ; car, voulant conseiller Achille, le louer, le blâmer, l’accuser, le défendre, il faut considérer les circonstances dans lesquelles il se trouve, ou parait se trouver, afin de discourir d’après ces circonstances, le louant ou le blâmant suivant que sa conduite est belle ou laide, l’accusant ou le défendant suivant qu’elle est juste ou injuste, le conseillant suivant que l’affaire est utile ou nuisible.

IX. Il en sera de même à propos d’un sujet quelconque ; par exemple, dans une question de justice, (on examinera) si la chose est bonne ou non, d’après les conditions inhérentes à la justice ou au bien.

X. Ainsi donc, comme on voit tout le monde s’y prendre de cette façon pour démontrer, soit que le syllogisme employé soit plus précis ou plus vague (car on ne les tire pas de n’importe quel fait, mais de ceux qui se rattachent à chaque affaire en question, et cela avec le secours de la raison, attendu qu’il est évidemment impossible de démontrer par un autre moyen), il s’ensuit évidemment aussi que l’on devra ; de même que dans les Topiques, avoir pour chaque