Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/343

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les raisons données plus haut et parce qu’ils sont métriques. Le péan est d’un bon emploi, vu que, considéré isolément, il ne sert pas de mesure aux rythmes précités, de sorte que c’est lui qui se dissimule le mieux. Aujourd’hui donc, on emploie un péan, et cela au début ; mais il faut que le début et la fin différent[1].

VI. Il y a deux formes de péans opposées l’une à l’autre : l’une d’elles convient au début ; c’est le péan qui commence par une longue et finit avec trois brèves. Ainsi :

Δαλογενὲς εἴτε Λυκίαν[2]

et

Χρυσεοκόμα Ἕκατε, παῖ Διός[3]… ;


l’autre péan, au contraire, est celui où trois brèves viennent en premier lieu et la longue en dernier :

Μετὰ δὲ γᾶν ὕδατα τ ᾽ ὠκεανὸν ἠφάνισε νύξ[4].

Ce péan sert de finale[5], car la syllabe brève, étant incomplète[6], produit quelque chose de tronqué, tandis qu’il faut que la finale soit tranchée au moyen de la longue et soit bien marquée, non point par les soins du copiste, ni par le signe de ponctuation, mais par le rythme.

VII. Ainsi donc, comme quoi l’élocution doit être

  1. C’est-à-dire que, par exemple, on mettra, au début, le péan (commençant) par la longue — υυυ, et, à la fin, le péan par les brève {υυυ —.
  2. Delogene, ou Lycie.
  3. Hécate à la chevelure d’or, fille de Jupiter.
  4. Après la terre et les eaux, la nuit couvrit d’ombres l’océan.
  5. Isocrate a commencé par ce péan le Panégyrique, l’Éloge d’Hélène, Busiris, etc.
  6. La brève ne correspond qu’à une fraction du pied rythmique, lequel compte toujours au moins deux temps. (Aristoxène, l. c., p. 289.)