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CHAPITRE XIV


De l’événement pathétique dans la fable. — Pourquoi la plupart des sujets tragiques sont fournis par l’histoire.


I. Les effets de terreur et de pitié peuvent être inhérents au jeu scénique ; mais ils peuvent aussi prendre leur source dans la constitution même des faits, ce qui vaut mieux et est l’œuvre d’un poète plus fort.

II. En effet, il faut, sans frapper la vue, constituer la fable de telle façon que, au récit des faits qui s’accomplissent, l’auditeur soit saisi de terreur ou de pitié par suite des événements ; c’est ce que l’on éprouvera en écoutant la fable d’Œdipe.

III. La recherche de cet effet au moyen de la vue est moins artistique et entraînera de plus grands frais de mise en scène.

IV. Quant à produire non des effets terribles au moyen de la vue, mais seulement des effets prodigieux, cela n’a plus rien de commun avec la tragédie, car il ne faut pas chercher, dans la tragédie, à provoquer un intérêt quelconque, mais celui qui lui appartient en propre.

V. Comme le poète (tragique) doit exciter, au moyen de l’imitation, un intérêt puisé dans la pitié ou la terreur, il est évident que ce sont les faits qu’il doit mettre en œuvre.

VI. Voyons donc quelle sorte d’événements excitera la terreur ou la pitié.

VII. De telles actions seront nécessairement accom-