Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/59

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plies ou par des personnages amis entre eux, ou par des ennemis, ou par des indifférents.

VIII. Un ennemi qui tue son ennemi, ni par son action elle-même, ni à la veille de la commettre, ne fait rien paraître qui excite la pitié, à part l’effet produit par l’acte en lui-même. Il en est ainsi de personnages indifférents (entre eux).

IX. Mais que les événements se passent entre personnes amies ; que, par exemple, un frère donne ou soit sur le point de donner la mort à son frère, une mère à son fils, un fils à sa mère, ou qu’ils accomplissent quelque action analogue, voilà ce qu’il faut chercher.

X. Il n’est pas permis de dénaturer les fables acceptées ; je veux dire, par exemple, Clytemnestre mourant sous les coups d’Oreste, Ériphyle sous ceux d’Alcméon.

XI. Il faut prendre la fable telle qu’on la trouve et faire un bon emploi de la tradition. Or, ce que nous entendons par « bon emploi », nous allons le dire plus clairement.

XII. Il est possible que l’action soit accomplie dans les conditions où les anciens la représentaient, par des personnages qui sachent et connaissent[1] ; c’est ainsi qu’Euripide a représenté Médée faisant mourir ses enfants.

XIII. Il est possible aussi que l’action ait lieu, mais sans que ses auteurs sachent qu’elle est terrible, puis que, plus tard, ils reconnaissent le rapport d’amitié existant, comme l’Œdipe de Sophocle. Cela se passe tantôt en dehors de l’action dramatique, tantôt dans la tragédie elle-même, comme, par exemple, l’Alcméon d’Astydamas, ou le Télégone de la Blessure d’Ulysse.

  1. Qui sachent ce qu’ils font et connaissent le lien qui les unit à leurs victimes.