Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/72

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DISCOURS

pas moins la route dans laquelle ils sont engagés, tant qu’ils n’y rencontrent pas d’autres obstacles.

C’est que les idées ou les opinions, vraies ou fausses, n’ont de puissance sur le cours des événements, que quand elles sont devenues celles de la très-grande majorité des citoyens. Et voilà pourquoi l’on ne peut attendre d’amélioration réelle et durable, dans les destinées d’un peuple, que du progrès des lumières et de la raison au sein de ce même peuple. Mais ce progrès est nécessairement très-lent : parce que les hommes sont bien plus touchés des avantages ou des inconvénients présents, que de ceux qu’ils peuvent espérer ou craindre pour l’avenir, quelque faibles que soient les uns, et quelque grands que puissent être les autres. Les opprimés semblent même craindre, presque autant que les oppresseurs, la vérité qui’les éclairerait sur leur situation, ou qui leur en ferait connaître tout le danger ; et c’est ainsi que les uns et les autres sont quelquefois conduits, par la force des choses, à ce point où des révolutions violentes leur font porter la peine d’un aveuglement qui n’a pas toujours été entièrement involontaire.

Nous en avons dit assez pour faire pressentir le genre d’intérêt et d’instruction que peut offrir la lecture du traité d’Aristote, dont nous donnons la traduction. On y verra que les saines doctrines, en fait de gouvernement, sont déjà bien anciennes PRÉLIMINAIRE. lxxj

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