Page:Aristote - Politique, Thurot, 1824.djvu/73

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le monde, et que les doctrines opposées ne le sont pas moins ; ou plutôt on concevra sans peine que la lutte entre les défenseurs de la liberté et les apôtres de la servitude, doit être aussi ancienne que l’espèce humaine. Car le principe de cette guerre éternelle et sans cesse renaissante, est dans le cœur de l’homme lui-même, et dans la double impulsion qu’il reçoit du sentiment de sa personnalité et de celui de la sympathie. La constance et l’énergie prédominante du premier de ces sentiments, (en même temps qu’elle nous fait voir pourquoi le nombre des individus avides de pouvoir, de richesses, et asservis aux passions les plus injustes, est toujours plus grand que celui des hommes qui savent entendre la voix de la raison et de la justice), peut nous expliquer, jusqu’à un certain point, le phénomène que nous présente l’histoire ; lorsqu’elle nous montre, presque par toute la terre et dans tous les siècles, les peuples gémissant sous le joug d’une servitude aussi honteuse que cruelle, tandis qu’il y en a bien peu qui aient pu jouir des douceurs de la liberté.

Mais, d’un autre côté, comme le sentiment de la sympathie est aussi le principe, et la cause de la sociabilité, les pensées qu’il suggère sont généreuses et honorables ; elles obtiennent l’approbation presque universelle ; car, étant favorables aux intérêts et au bonheur de tous ou du plus grand lxxij