Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/173

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a nécessairement la science de toutes choses, car un tel homme sait en quelque sorte tout ce qui se trouve compris sous le général. Mais on peut dire aussi qu’il est très difficile pour les hommes d’arriver aux connaissances les plus générales ; en effet, leurs objets sont bien plus loin de la portée des sens.

Entre toutes les sciences, les plus rigoureuses sont celles qui sont le plus sciences de principes ; celles qui roulent sur un petit nombre de principes sont plus rigoureuses que celles dont l’objet est multiple : l’arithmétique, par exemple, l’est plus que la géométrie. La science qui étudie les causes est celle qui peut le mieux enseigner ; car ceux-là enseignent, qui disent les causes de chaque chose. Enfin, connaître et savoir, dans le but unique de savoir et de connaître, tel est par excellence le caractère de la science de ce qu’il y a de plus scientifique. Celui qui veut étudier une science pour elle-même, choisira entre toutes celle qui est le plus science ; or, cette science est la science de ce qu’il y a de plus scientifique. Ce qu’il y a de plus scientifique, ce sont les principes et les causes. C’est par leur moyen, c’est par eux que nous connaissons les autres choses, et non point par les autres choses que nous les connaissons. Or, la science souveraine, la science supérieure à toute science subordonnée, est celle qui connaît pourquoi il faut faire chaque chose. Et ce pourquoi, c’est le bien de chaque être ; pris en général, c’est le mieux dans tout l’ensemble des êtres[1].

  1. Voyez, liv. XII, 10, le développement de cette grande conception du rôle de la cause finale dans l’univers.