Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/192

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sition, et par la manière dont ils ont conçu la réalité. Pour ce qui concerne la revue que nous faisons des causes, nous n’avons pas à nous occuper d’eux. En effet, ils ne font pas comme quelques-uns des Physiciens[1], qui, établissant l’existence d’une substance unique, tirent cependant toutes les choses du sein de l’unité considérée comme matière : leur doctrine est d’une autre sorte. Ces Physiciens[2] ajoutent le mouvement pour produire l’univers ; eux, ils prétendent que l’univers est immobile. Voici tout ce qui, chez ces philosophes, se rapporte à l’objet de notre recherche.

L’unité de Parménide semble être l’unité rationnelle, celle de Mélissus[3], au contraire, l’unité matérielle ; c’est pourquoi le premier représente l’unité comme finie, l’autre comme infinie. Xénophane[4], le fondateur de ces doctrines (car on dit que Parménide fut son disciple), n’a rien éclairci, et ne paraît s’être expliqué sur la nature ni de l’une ni de l’autre de ces deux unités ; seulement, jetant les yeux sur l’ensemble du ciel, il dit que l’unité est Dieu. Encore une fois, dans l’examen qui nous occupe, nous devons, comme nous l’avons dit, négliger ces philosophes, au moins les deux

  1. Φυσιόλογοι. C’est sous ce nom qu’Aristote désigne ordinairement les philosophes de l’École d’Ionie.
  2. Thalès, Anaximène etc.
  3. De Samos, vers 444. Mélissus est connu dans l’histoire comme homme d’état et comme général.
  4. De Colophon, contemporain de Pythagore. Il vint en 536 s’établir en Italie, à Vélia ou Élée, ville qui a donné son nom à l’École dont Xénophane est le fondateur. Voyez la dissertation de M. Cousin sur Xénophane, Fragm. hist., p. 9 sq.