Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/203

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tandis que chacun des autres éléments a été adopté comme principe par quelqu’un d’entre eux : les uns disent que c’est le feu, les autres l’eau, les autres l’air, qui est le principe des choses. Mais pourquoi donc n’admettent-ils pas aussi, comme la plupart des hommes, que c’est la terre ? car on dit généralement que la terre est tout. Hésiode lui-même dit que la terre est le plus ancien de tous les corps[1] ; tant est vieille et populaire cette opinion !

Sous ce point de vue, ni ceux qui admettent un principe autre que le feu, ni ceux qui font l’élément premier plus dense que l’air et plus subtil que l’eau, ne sauraient donc être dans le vrai. Mais si ce qui est postérieur sous le rapport de la naissance est antérieur par sa nature (et tout composé, tout mélange est postérieur par la naissance), ce sera tout le contraire : l’eau sera antérieure à l’air, la terre à l’eau.

Bornons-nous à ces remarques au sujet des philosophes qui n’ont admis qu’un seul principe matériel. Mêmes observations relativement à ceux qui posent un plus grand nombre de principes, Empédocle, par exemple, qui reconnaît quatre corps élémentaires ; tout ce que nous venons de dire s’applique à ces systèmes. Voici qui est particulier à Empédocle.

Il nous montre les éléments naissant les uns des autres ; de telle sorte que le feu et la terre ne restent pas toujours le même corps. Ce point a été traité par nous dans la Physique[2], ainsi que la question de savoir

  1. Voyez plus haut.
  2. Physic. auscult., passim, et particulièrement dans les premiers chap. du premier liv. Bekk., p. 184 sq.