Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/205

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leur : elle était nécessairement incolore ; sinon, elle aurait eu quelqu’une de ces couleurs. Elle n’avait point non plus de saveur, par la même raison, ni aucune autre propriété de ce genre. Elle ne pouvait avoir ni qualité, ni quantité ; elle n’avait rien de déterminé, sans quoi il y eût eu en elle quelqu’une des formes particulières de l’être : chose impossible lorsque tout est mélangé, et qui suppose déjà une séparation. Or, tout est mélangé, suivant Anaxagore, excepté l’intelligence ; l’intelligence seule est pure et sans mélange. Il résulte de là qu’il admet pour principes, d’abord l’unité, car c’est là ce qui est pur et sans mélange ; puis un autre élément, l’indéterminé, avant toute détermination quelconque, avant qu’il ait reçu quelque forme.

Ce système manque, il est vrai, de clarté et de précision ; cependant il y a au fond de la pensée d’Anaxagore quelque chose qui se rapproche des doctrines postérieures, et surtout de celles des philosophes de nos jours.

Les seules spéculations familières aux philosophes dont nous avons parlé, portent sur la production, la destruction et le mouvement ; car les principes et les causes objets de leurs recherches sont à peu près uniquement ceux de la substance sensible. Mais ceux qui étendent leurs spéculations à tous les êtres, qui admettent d’un côté des êtres sensibles, de l’autre des êtres non-sensibles étudient évidemment ces deux espèces d’êtres. Il sera donc convenable de s’arrêter plus longtemps sur leurs doctrines, et d’examiner ce qu’ils disent de bon ou mauvais, qui se rapporte à notre sujet.