Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/21

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ses attributs ? À quel titre peut-on la considérer comme principe ? N’y a-t-il dans le monde qu’une seule substance, un seul être ? Et, d’un autre côté, la cause de toute production, de toute destruction est-elle une ou multiple, est-elle inhérente à chaque être ou bien en est-elle indépendante ; n’y a-t-il pas un moteur unique ; quel est le but du mouvement qu’il communique aux êtres ; quels rapports unissent le monde à ce moteur unique, éternel, s’il existe réellement ? Telles sont les principales questions que se pose Aristote, et dont il donne successivement la solution. La tâche est immense et difficile ; il ne l’ignore pas, il n’aspire pas même à résoudre complètement tous les problèmes que peut soulever la question des principes : selon lui, ce serait entreprendre sur Dieu même. Mais, sans prétendre pénétrer tous les secrets de l’univers comme celui qui tient dans sa main les lois et les mouvements, qui, principe et fin de toutes choses, sait le principe, le but et la portée de ce qui est, l’homme cependant peut aspirer à connaître la vérité, dans les limites du pouvoir départi à son intelligence. Le monde lui a été donné pour l’objet de ses méditations ; et il est indigne de lui, comme dit Aristote, de ne pas chercher la science à laquelle il peut atteindre. Il pourra se tromper dans ses recherches ; mais il n’aura point, même alors, tout à fait perdu sa peine ; son intelligence se sera élevée dans cette étude, la vérité aura soulevé pour lui quelque coin de son voile : il est impossible, dit Aristote, qu’on manque jamais complétement la vérité.