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IV.

Certains philosophes, avons-nous dit, prétendent que la même chose peut être et n’être pas, et qu’on peut concevoir simultanément les contraires. Telle est l’assertion de la plupart des Physiciens. Quant à nous, nous venons de reconnaître qu’il était impossible d’être et de n’être pas en même temps ; et c’est à cause de cette impossibilité, que nous avons déclaré que notre principe est le principe certain par excellence.

Il est aussi quelques philosophes qui, par ignorance, veulent démontrer ce principe ; car c’est de l’ignorance de ne pas savoir distinguer ce qui a besoin de démonstration de ce qui n’en a pas besoin[1]. Il est absolument impossible de tout démontrer : il faudrait pour cela aller à l’infini ; de sorte qu’il n’y aurait même pas de démonstration. Et s’il est des vérités dont il ne faut pas chercher la démonstration, qu’on nous dise quel principe, plus que le principe en question, se trouve dans un pareil cas.

On peut toutefois établir par voie de réfutation cette impossibilité des contraires. Il suffit que celui qui conteste le principe attache un sens à ses paroles. S’il n’y en attache aucun, il serait ridicule de chercher à répondre à un homme qui ne peut dire la raison de rien, puisqu’il n’a aucune raison. Un tel homme, un


  1. De partibus animal. liv. l, ch. 1. Bekk., p. 639 sq.