Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/294

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pas. Et, s’il en est ainsi, il est nécessaire que tout ce qui apparaît soit la vérité ; car ceux qui sont dans l’erreur et ceux qui disent vrai ont des opinions contraires. Si donc les choses sont comme nous venons de le dire, tous également diront la vérité. Il est donc évident que les deux systèmes en question partent de la même pensée.

Toutefois on ne doit pas combattre de la même manière tous ceux qui professent ces doctrines. Avec les uns, c’est la persuasion qu’il faut employer, avec les autres, c’est la force du raisonnement. Chez tous ceux qui sont arrivés à cette conception par le doute, l’ignorance est facile à guérir : on n’a point alors d’arguments à réfuter ; il faut s’adresser à leur intelligence. Quant à ceux qui professent cette opinion par système, le remède à leur appliquer, c’est la réfutation, et par les sons qu’ils prononcent, et par les mots dont ils se servent[1].

Chez ceux qui doutent, ce qui a fait naître cette opinion, c’est l’aspect des choses sensibles. D’abord ils ont conçu l’opinion de l’existence simultanée dans les êtres, des contradictoires et des contraires, parce qu’ils voyaient la même chose produire les contraires. Et s’il n’est pas possible que le non-être devienne, il faut que dans l’objet préexistent l’être et le non-être : tout est mêlé dans tout, comme dit Anaxagore, et avec lui Démocrite ; car, selon ce dernier, le vide et le plein se trouvent l’un comme l’autre dans chaque portion des êtres ; et, le plein, c’est l’être ; le vide, c’est le non-être.

À ceux qui tirent ces conclusions, nous dirons que sous un point de vue leur assertion est juste, mais que, sous un autre point de vue, ils sont dans l’erreur.


  1. Plus haut, ch. 4.