Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/322

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êtres. Telle est celle des animaux, celle de leurs parties. Mais il faut dire que la matière première est une nature, et qu’elle peut l’être sous deux points de vue ; car elle peut être ou première relativement à un objet, ou absolument première. Ainsi, pour les objets dont la substance est l’airain, c’est l’airain qui est premier relativement à ces objets ; mais absolument, c’est l’eau peut-être, s’il est vrai que l’eau est le principe de tous les corps fusibles. Et il faut ajouter que la forme et l’essence sont encore une nature, car elles sont le but de toute production. Par métaphore enfin toute essence prend en général le nom de nature, à cause de celle dont nous parlons, car la nature est, elle aussi, une sorte d’essence.

Il suit de tout ce qui précède, que la nature première, la nature proprement dite, est l’essence des êtres qui ont en eux, et par eux-mêmes, le principe de leur mouvement[1]. La matière ne s’appelle en effet nature, que parce qu’elle est capable de recevoir en elle ce principe ; et la génération ainsi que l’accroisse-


  1. Aristote établit ainsi dans un autre ouvrage ce caractère essentiel : « Les choses qui existent naturellement, ont toutes en elles le principe du mouvement ou du repos, les unes celui du mouvement, dans l’espace, d’autres celui de la croissance et du dépérissement, d’autres celui du changement. Au contraire, une litière, un habit, toutes les choses de ce genre, tout ce qui est un produit de l’art, ne porte pas en soi le principe de son changement ; et, c’est la cause qui fait que ces objets sont de pierre, de terre, ou un mélange de ces éléments, c’est cette cause accidentelle qui est pour eux le principe du mouvement ou du repos. La nature est donc un principe, une cause qui imprime le mouvement et le repos, cause inhérente à l’essence même de l’objet, non cause accidentelle. » Phys. auscult. H, 1. Bekk., p. 192.