Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/324

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Toute nécessité est une chose affligeante.

Enfin la force est une nécessité ; écoutons Sophocle[1] :

C’est la force qui m’oblige nécessairement à agir ainsi.

La nécessité présente l’idée de quelque chose d’inévitable ; et c’est avec raison, car elle est l’opposé du mouvement volontaire et réfléchi. De plus, quand une chose ne saurait être autrement qu’elle n’est, nous disons : Il est nécessaire qu’il en soit ainsi. Et cette nécessité est en quelque sorte la raison de tout ce qu’on appelle nécessaire. C’est en effet quand le désir ne peut atteindre son objet par suite de la violence, qu’on dit qu’il y a eu violence faite ou soufferte. La nécessité est donc à nos yeux ce en vertu de quoi il est impossible qu’une chose soit autrement. Même observation pour les causes coopérantes de la vie, ainsi que pour le bien. Car c’est lorsqu’il y a impossibilité, soit pour le bien, soit pour la vie et l’être, d’exister sans certaines conditions, que ces conditions sont nécessaires, et que la cause coopérante est une nécessité. Enfin les démonstrations des vérités nécessaires, sont nécessaires, parce qu’il est impossible, si la démonstration est rigoureuse, que la conclusion soit autre qu’elle n’est. Les causes de cette impossibilité, ce sont ces propositions premières, qui ne peuvent être autres qu’elles ne sont, qui composent le syllogisme.

Parmi les choses nécessaires, les unes ont en


  1. Sophocle, Électre, v. 248.