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MÉTAPHYSIQUE D’ARISTOTE.

l’acte, et quels sont ses modes. Cette recherche nous mettra à même de montrer que puissant ne s’entend pas seulement de ce qui a la propriété de mouvoir une autre chose, ou de recevoir d’elle le mouvement, mouvement proprement dit, ou mouvement de telle ou telle nature, mais qu’il a encore d’autres significations : nous déterminerons ces significations dans le cours de cette recherche. L’acte est, pour un objet, l’état opposé à la puissance : nous disons, par exemple, que l’Hermès est en puissance dans le bois ; que la moitié de la ligne est en puissance dans la ligne entière, parce qu’elle pourrait en être tirée. On donne aussi le nom de savant en puissance même à celui qui n’étudie pas, s’il a la faculté d’étudier. On peut conclure facilement de ces différents exemples particuliers ce que nous entendons par acte ; il ne faut point chercher à tout définir exactement, mais se contenter quelquefois d’analogies. L’acte, ce sera donc l’être qui bâtit, relativement à

    L’acte moderne est déterminé, comme l’acte péripatéticien ; voilà tout ce qu’ils ont de commun. Mais l’acte moderne est un simple effet, une modification, il n’est rien par lui-même. Pure abstraction quand il est pris indépendamment de sa cause, il n’a de réalité qu’autant qu’il lui est rattaché. Et même, à vrai dire, il n’y a pas plus d’acte indépendant de sa cause que de cause isolée de son acte. Il y a une cause en acte, et voilà tout. Au contraire, l’acte péripatéticien est absolu ; il est par lui-même ; il se rattache si peu par sa nature à la puissance, qu’il n’est pur et parfait qu’autant qu’il a brisé les liens qui l’unissent à elle. Seul il possède l’énergie, la force, la vie, l’existence positive. Enfin l’acte pour Aristote, c’est l’être dans toute sa plénitude. » É. Vacherot, Théorie des premiers principes, etc. p. 31, 32.