Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/115

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vérité de notre proposition. Les êtres éternels sont antérieurs quant à la substance aux êtres périssables ; et rien de ce qui est en puissance n’est éternel. On peut l’établir ainsi : Toute puissance suppose en même temps les contraires ; ce qui n’a pas la puissance d’exister n’existera nécessairement jamais ; mais tout ce qui est en puissance peut fort bien ne point passer à l’acte : ce qui a la puissance d’être peut donc être ou n’être pas ; la même chose a alors la puissance d’être et de ne pas être. Mais il peut se faire que ce qui a la puissance de ne pas être ne soit pas. Or, ce qui peut ne pas être est périssable, périssable absolument, ou bien périssable sous le point de vue où il peut ne pas être, quant au lieu, à la quantité, à la qualité ; périssable absolument signifie périssable quant à l’essence. Rien donc de ce qui est périssable absolument n’est absolument en puissance ; mais il peut être en puissance sous certains points de vue ; ainsi, quant à la qualité, quant au lieu. Tout ce qui est impérissable est en acte ; il en est de même des principes nécessaires[1]. Car ce sont des principes premiers ; s’ils n’étaient pas, rien ne serait. De même pour le mouvement, s’il y a quelque mouvement éternel. Et s’il y a quelque objet qui soit dans un mouvement éternel, il

  1. Aristote dans le De Interpretatione, chap. 13, Bekker, p. 23 : « Le nécessaire et le non-nécessaire sont, d’après toute probabilité, la source de tout ce qui est et de tout ce qui n’est pas : on ne doit considérer les autres choses que comme des conséquences de ces principes. Il suit de là que ce qui est nécessaire, est en acte ; et enfin, ce qui est éternel ayant la priorité, que l’acte est antérieur à la puissance, etc. »