Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/161

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avons parlé dans la Physique[1], que devra porter la science que nous cherchons ; car elle ne s’occupe pas du but : le but, c’est le bien, et le bien ne se trouve que dans l’action, dans les êtres qui sont en mouvement ; il est le principe même du mouvement. Tel est le caractère du but. Or, le moteur premier ne se trouve pas dans les êtres immobiles[2]. En un mot, on peut se demander si la science qui nous occupe présentement est ou non la science des substances sensibles, ou bien si elle porte sur d’autres essences. Si elle porte sur d’autres, ce sera ou sur les idées, ou sur les êtres mathématiques. Quant aux idées, il est évident qu’elles n’existent pas[3] ; et admît-on même l’existence des idées, resterait encore cette difficulté : Pourquoi n’en est-il pas pour tous les êtres dont il y a des idées, comme pour les êtres mathématiques ? Voici ce que j’entends par là. On fait des êtres mathématiques des intermédiaires entre les idées et les objets sensibles, une troisième espèce d’êtres, en dehors des idées et des êtres qui tombent sous nos sens. Mais

  1. Les quatre principes premiers dont il est question dans notre premier livre, ch. 3, t. I, p. 12 sqq., et qu’Aristote avait énumérés dans la Physique, II, 5, 7 ; Bekker, p. 134 sqq.
  2. Aristote a déjà répondu en partie à l’objection qu’il présente ici relativement à l’objet de la philosophie première. Le XIIe livre lèvera toutes les difficultés relatives à la nature du premier moteur. La vérité, comme le remarque St. Thomas à propos de ce passage, c’est que la philosophie traite des quatre causes en question, et singulièrement de la cause formelle et de la cause finale, et que la Un suprême des choses, laquelle est le moteur premier de toutes choses, est absolument, éternellement immobile. D. Thom., t. IV, fol. 136, a.
  3. Voyez liv. I, 7, t.1, p. 43 sqq., liv. XIII, 4, 5.