Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/178

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objets sensibles que nous voyons changer sans cesse, et ne jamais persister dans le même état. C’est dans les êtres qui restent toujours les mêmes, et ne sont susceptibles d’aucun changement, qu’il faut chercher à saisir la vérité. Tels sont, par exemple, les corps célestes. Ils ne paraissent pas tantôt avec tels caractères, tantôt autrement ; ils sont toujours les mêmes, ils ne subissent aucun changement.

De plus, si le mouvement existe, si quelque chose se meut, tout mouvement étant le passage d’une chose à une autre, il faut, dans le système, que ce qui se meut soit encore dans ce dont il vient, et n’y soit plus ; qu’il soit en mouvement vers tel but, et que déjà il y soit parvenu. S’il n’en est pas ainsi, la négation et l’affirmation d’une chose ne peuvent pas être vraies en même temps. Ensuite, si les objets sensibles sont dans un flux, dans un mouvement perpétuel sous le rapport de la quantité, si on l’admet du moins, quoique cela ne soit pas vrai, pour quelle raison la qualité ne persisterait-elle pas ? Car une des raisons qui ont fait admettre que des propositions contradictoires sont vraies en même temps, c’est qu’on suppose que la quantité ne reste pas la même dans les corps, parce que le même corps a maintenant quatre coudées, et plus tard n’a pas quatre coudées. La qualité, c’est ce qui distingue la forme substantielle, la nature déterminée ; la quantité tient à l’indéterminée.

Ce n’est pas tout. Pourquoi, quand leur médecin leur ordonne de prendre telle nourriture, prennent-ils cette nourriture ? Car quelle raison y a-t-il pour croire plutôt que c’est là du pain, que de croire le