Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/179

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contraire ? et alors il sera indifférent de manger ou de ne pas manger. Et cependant ils prennent la nourriture, dans la conviction que le médecin a affirmé quelque chose de vrai, et que c’est bien là le met qu’il a ordonné. Ils ne devraient pas le croire pourtant, s’il n’est pas de nature qui reste invariable dans les êtres sensibles, si toutes, au contraire, sont dans un mouvement, dans un flux perpétuel.

Et d’ailleurs, si nous-mêmes nous changeons continuellement, si nous ne restons pas un seul instant les mêmes, qu’y a-t-il d’étonnant à ce que nous ne portions pas le même jugement sur les objets sensibles ; à ce qu’ils nous paraissent différents quand nous sommes malades ? Les objets sensibles, bien qu’il ne paraissent pas aux sens les mêmes qu’auparavant, n’ont pas, pour cela, subi un changement ; ils ne donnent pas les mêmes sensations, mais des sensations différentes aux malades, parce que ceux-ci ne sont pas dans le même état, dans la même disposition qu’au temps de la santé. La même chose arrive nécessairement dans le changement dont nous parlions tout à l’heure. Si nous ne changions pas, si nous restions toujours les mêmes, les objets persisteraient pour nous.

Quant à ceux qui en sont venus par le raisonnement à se poser les difficultés précédentes, il n’est pas facile de les convaincre, s’ils n’admettent pas quelque principe dont ils ne demanderont pas de raison. Car toute preuve, toute démonstration part d’un principe de ce genre. Ne rien admettre de tel, c’est supprimer toute discussion, et par conséquent toute preuve. À l’égard de ceux-là il n’y a donc pas de preuves à don-