Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/182

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sence comme fait fondamental. Il est clair alors, qu’il n’y a lieu, avec cette façon de procéder, à aucune démonstration ni de la substance, ni de l’essence.

La physique est une science ; mais elle n’est évidemment point une science pratique, ni une science créatrice. Pour les sciences créatrices, en effet, c’est dans l’agent, et non dans l’objet qui subit l’action, que réside le principe de mouvement ; et ce principe, c’est ou bien un art, ou bien quelque autre puissance. De même pour les sciences pratiques : ce n’est pas non plus dans la chose qui est l’objet de l’action que réside le mouvement, mais bien plutôt dans l’être qui agit. La science du physicien traite des êtres qui ont en eux-mêmes le principe du mouvement. On voit assez dès-lors que la science physique n’est ni une science pratique, ni une science créatrice, mais qu’elle est de toute nécessité une science théorétique ; car il faut bien qu’elle rentre dans l’un de ces trois genres.

Puisqu’il est nécessaire que chaque science connaisse sous quelque point de vue l’essence, et s’en serve comme d’un principe, le physicien ne peut donc pas ignorer la manière de définir ; il faut qu’il sache ce qu’est véritablement la notion substantielle dans les objets dont il traite, si elle est dans le même cas que le camus, ou bien plutôt comme le retroussé. La notion du camus implique la matière de l’objet ; celle du retroussé est indépendante de toute matière. En effet, c’est dans un nez que se produit le camus ; et c’est pour cela que la notion du camus implique celle du nez : le camus, c’est le nez retroussé. Il est donc évident que la matière doit entrer dans la définition