Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/196

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en peut-il être ainsi ? Quelle peut être, dans ce cas, l’immobilité, quel peut être le mouvement ? Y aurait-il immobilité dans toutes les parties du lieu ? Il n’y aurait donc jamais de mouvement. Y a-t-il, au contraire, mouvement dans toutes les parties du lieu  ? Il n’y aurait donc jamais de repos. Mais s’il y a hétérogénéité dans le tout, les lieux sont entre eux dans le même rapport que les parties qu’ils contiennent. Et d’abord, il n’y a pas unité dans le corps qui constitue le tout, sinon unité par contact. Ensuite, ou le nombre des espèces de corps qui le composent est fini, ou bien il est infini. Or, il n’est pas possible que ce nombre soit fini ; sans cela il y aurait des corps infinis, d’autres qui ne le seraient pas, le tout étant infini : le feu, par exemple, le serait, ou bien l’eau. Or, une telle supposition, c’est la destruction des corps finis. Mais si le nombre des espèces de corps est infini, et s’ils sont simples, il y aura une infinité d’espèces de lieux, une infinité d’espèces d’éléments. Or, cela est impossible : le nombre des espèces de lieux est fini[1], donc le nombre des espèces de corps qui composent le tout est nécessairement fini.

En général, un corps ne saurait être infini, et pas plus que les corps, le lieu qui contient les corps ; puisque tout corps sensible est ou pesant, ou léger[2] Le

  1. « Nam species locorum sunt sub aliquo numero determinato, quæ sunt sursum deorsum et hujusmodi. » St. Thomas, fol. 149, b. — Voyez plus bas.
  2. St. Thomas, Id. ibid. « Quod quidem verum erat secundum opinionem antiquorum naturalium ponentium corpus infinitum actu. Sed ipse opinatur, quod sit aliquod corpus sensibile, non habens gravitatem neque levitatem, scilicet corpus cœleste, ut probavit in libro de Cœlo et Mundo. Et ideo hoc induxit sub conditione quasi ab adversariis concessum, sed non simpliciter verum. Si ergo omne corpus sensibile est grave, vel leve, et est aliquod corpus sensibile infinitum, oportet, quod sit grave vel leve, et per consequens, quod feratur sursum, vel ad medium. Diffinitur enim leve quod fertur sursum, et grave quod fertur ad medium, etc. »