Page:Aristote Metaphysique 1840 2.djvu/42

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choses qui sont parties d’un être en tant que matière, les éléments matériels dans lesquels il peut se diviser, sont postérieurs. Au contraire les choses qui sont des parties de la définition, de la forme substantielle, sont antérieures, ou toutes antérieures, ou du moins quelques-unes.

D’après cela, puisque l’âme des êtres animés est la forme substantielle, l’essence même du corps animé, car l’âme est l’essence des êtres animés[1], la fonction de chaque partie et la connaissance sensible qui en est la condition devront entrer dans la définition des parties de l’animal, si l’on veut les bien définir. De sorte qu’il y a priorité des parties de l’âme, de toutes ou de quelques-unes, relativement à l’ensemble de l’animal. Il y a de même priorité relativement aux différentes parties du corps. Le corps et ses parties sont postérieurs à l’âme ; le corps peut se diviser en ses diverses parties considérées comme matière ; non point le corps essence, mais l’ensemble qui constitue le corps. Sous un point de vue les parties du corps sont antérieures à l’ensemble, sous un autre elles sont postérieures ; elles ne peuvent point en effet exister indépendamment du corps : un doigt n’est pas réellement un doigt dans tout état possible, mais seulement lorsqu’il a la vie ; cependant on donne le même nom au doigt mort. Il y a quelques parties qui ne survivent pas à l’ensemble, celles par exemple qui sont essentielles, le siège premier de la forme et de la substance ; ainsi le cœur ou

  1. Voyez le De Anima, II, 1, Bekker, p. 412. Voyez aussi au liv. VII, 1, de la Métaphysique, t. I, de cette traduction, p. 211.