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II.

Des principes dont nous parlons, les uns résident dans les êtres inanimés, les autres dans les êtres animés, dans l’âme, dans la partie de l’âme où se trouve la raison. On voit qu’il doit y avoir des puissances irrationnelles et des puissances rationnelles ; et tous les actes, toutes les sciences pratiques, toutes les sciences enfin sont des puissances, car ce sont là des principes de changement dans un autre être en tant qu’autre. Chaque puissance rationnelle peut produire à elle seule les effets contraires ; mais les puissances irrationnelles ne produisent chacune qu’un seul et même effet. La chaleur n’est cause que de l’échauffement, tandis que la médecine peut l’être de la maladie et de la santé. Il en est ainsi parce que la science est une explication rationnelle[1]. Or, l’explication rationnelle explique et l’objet et la privation de l’objet : seulement ce n’est pas de la même manière ; sous un point de vue, la connaissance de l’un et de l’autre est le but de l’explication rationnelle ; mais, sous un autre point de vue, c’est surtout celle de l’objet lui-même.

Les sciences de cette sorte sont donc nécessairement sciences des contraires ; mais l’un des contraires est leur objet propre, tandis que l’autre ne l’est pas.

  1. Λόγος.