Page:Armaingaud - La Boétie, Montaigne et le Contr’un - Réponse à M. P. Bonnefon.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Autre erreur grave : L’Estoile, à la page 32 du même manuscrit : « Sur la fin de cette année, dit-il, furent publiés et divulgués deux livrets satiriques et diffamatoires, l’un intitulé Alithie, et l’autre le Réveille-Matin des Français ». Les mots la fin de cette année, désignent, dans cette énumération chronologique, non plus le mois d’octobre, mais celui de décembre 1574, car cet article suit immédiatement celui où sont consignés les événements de novembre. Or, le Réveille-Malin des Français d. Les mots la fin de cette année, désigne 1574. Quant à Alithie, ce n’est pas le titre d’un ouvrage, c’est le nom d’un des interlocuteurs du Réveille-Matin.

A-t-on d’ailleurs un exemple de la disparition totale d’un ouvrage de cette époque, je ne dis pas d’une plaquette, ou d’une brochure, ou même d’un seul volume, mais d’un ouvrage en trois gros volumes, de près de mille pages chacun ?

J’ai sous les yeux les deux éditions des Mémoires de l’Estat de France, celle de 1576 et celle de 1578, toutes deux en trois volumes ; or celle de 1578 porte : Deuxième édition, revue, corrigée et augmentée (elle est en effet augmentée de plusieurs pièces importantes). Si celle de 1578 est la seconde, c’est donc que celle de 1576 est la première ; autrement, celle de 1578 serait la troisième.

J’espère que mon contradicteur cessera de parler d’une édition, en 1574, des Mémoires de l’Estat de France, et qu’il se résignera à passer cette affaire à l’article des profits et pertes. La perte lui sera légère, s’il veut bien réfléchir que le profit eût été mince. Dès 1574, on eût pu introduire dans le Contr’un, en visant Henri, des censures contre le régime des favoris, car le gouvernement par les « cinq », les « six », etc., avait été inauguré par lui, bien avant cette date. Il était encore duc d’Anjou que déjà sa mère l’avait investi d’une quasi vice-royauté, et que la jalousie, d’ailleurs justifiée, de son frère l’avait amené à organiser ce gouvernement occulte que nous font connaître les historiens du temps, et que caractérise si bien M. Mariejols[1]. Le marquis de Noailles, dans son Histoire d’Henri de Valois, nous décrit le règne des favoris à Varsovie. Henri l’a donc, non pas institué, mais seulement adapté à sa nouvelle situation quand il revint en France. D’ailleurs de Thou (tome VII page 134) signale déjà, en septembre 1574, cette organisation si spéciale du pouvoir tyrannique et du gouvernement des favoris.

Il me semble qu’il ne reste rien des objections présentées par

  1. Histoire de France, de M. Lavisse, t. VI (Henri III, par M. Mariejols, p. 160).