çais il n’y a pas « une femme impudique », mais « la moindre femmelette ». Enfin la phrase du texte français : « non accoustumé à la poudre des tournois » n’est pas traduite du tout ; elle est purement et simplement supprimée.
La question est donc celle-ci : le premier sens est-il contraire à la langue d’une manière générale, et contraire en particulier à la langue du xvie siècle ? Nous avons vu que M. Dezeimeris l’affirme ; il me décoche même à ce propos ce trait peu flatteur : « l’interprétation de M. Armaingaud est étrange, et c’est à coup sûr un chapitre malencontreusement imaginé de la subtile dissertation. » Je n’ai que l’embarras du choix pour opposer à M. Dezeimeris des citations qui me permettent de lui retourner, à mon grand regret, le trait peu flatteur. J’en choisirai quelques-unes dans les auteurs qui ont formé notre langue :
1. « Le bon Père (jésuite) se trouvant aussi empêché (dans l’impossibilité de… embarrassé de…) de soutenir son opinion au regard des justes, qu’au regard des pécheurs, ne perdit pourtant pas courage… » C’est du Pascal (Provinciales, IVe lettre, édit. Havet, p. 72).
2. « Ils étaient assez empêchés de se défendre d’une pareille vision… » C’est du Bossuet (Variations, IV, $ 18). Littré, qui cite cette phrase au mot empêché, indique qu’« empêché de » est pris ici dans le sens de « qui éprouve de la difficulté à ou pour ».
3. « Si je n’en faisais tout tant que j’en dis, au moins il me coustait à m’empescher de le faire. » C’est du Montaigne (Essais, I, ch. 40). Le sens du passage entier donne nécessairement à « m’empescher de… » le sens de : faire obstacle à…
4. Rapportant une des dernières paroles de La Boétie avant sa mort[1] Montaigne lui fait dire : « Mais si je la leur ay (à sa femme et à son frère) une fois toute ostée (l’espérance que je vais survivre), vous serez bien empesché à les contenir (à contenir leur grande douleur dans les bornes de la raison)[2]. »