Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/161

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Bueil, tout ce qui avait pu figurer sur le champ de bataille. Il ne resta que le vieil évêque d’Angers, Hardouin de Bueil, et deux de ses neveux en bas âge, devenus par là orphelins.

Ces deux enfants devaient donner naissance à deux branches de la maison de Bueil : la branche aînée, qui détint le comté de Sancerre, les Bueil-Sancerre ; la branche cadette, qui s’allia à la famille angevine de Fontaines, les Bueil-Fontaines. Racan appartenait à cette branche cadette. Ses ancêtres, en même temps qu’ils savaient combattre vaillamment, exercèrent des gouvernements de villes et de provinces en Bretagne et dans le Maine. Son père, Louis de Bueil, étant le cadet de sa famille, fut tout naturellement destiné à « être d’église » ; aussi, selon le mot de notre poète parlant en bon gentilhomme, il « passa sa jeunesse dans la pédanterie ». Mais, à vingt ans, il n’y tient plus ; il rejette le Codret et le Despautères les grammaires latines sur lesquelles il a pâli, il ceint l’épée, comme tous ses aïeux, et il court à la guerre. Il se bat sur les pas de Charles IX et d’Henri III, assiste à Jarnac, est blessé à Moncontour, conquiert au feu ses grades d’enseigne, de sous-lieutenant et de lieutenant, et, à quarante ans, ayant regagné le temps perdu, il obtient une commission royale pour entretenir une compagnie de cinquante hommes d’armes en qualité de capitaine, titre à peu près équivalent, comme on sait, à notre grade actuel de colonel.