Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/189

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gloire des armes, qui semblait fuir obstinément devant lui, du moins il observait, chemin faisant, et il notait ses observations. Une fois, il rime une aventure de bivouac qui lui est arrivée dans quelque port de l’Ouest. Cette « pochade » poétique, qui a l’air d'un petit Téniers malin, pittoresque et familier, mérite d’être mise en bonne place dans la galerie si pauvre du réalisme chez les classiques. Nous nous contentons d’en citer quatre couplets :


Notre hôte avec ses serviteurs,
nous croyant des réformateurs [réformés] ;
s’enfuit au travers de la crotte,
emportant, ployés sous ses bras,
son pot, son chaudron et ses dras,
et ses enfants dans une hotte…

Après maint tour et maint retour,
notre hôte s’en revient tout cour
en assez mauvais équipage,
le poil crasseux et mal peigné,
et le front aussi renfrogné
qu’un écuyer qui tance un page.

Quand ce vieillard déjà cassé
d’un compliment du temps passé
à nous bienveigner[1] s’évertue,
il me semble que son nez tors
se ploie et s’allonge à ressors
comme le col d’une tortue…

Et moi que le sort a réduit
à passer une longue nuit
au milieu de cette canaille,
regardant le ciel de travers,
j’écris mon infortune en vers
d’un tison contre une muraille…

  1. Souhaiter la bienvenue.