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cieux ami, Denis de Rémefort, abbé du monastère augustin de la Clarté-Dieu : de là est venue à l’église de Saint-Pater l’admirable Adoration des Mages, groupe en terre cuite, qui est un de nos chefs-d’œuvre de la Renaissance française[1].

En 1651, trente-deux nouveaux Psaumes voyaient le jour, sous le titre de Odes sacrées accommodées au temps présent. C’est que le poète, après avoir beaucoup réfléchi à cette partie de son art, avait jugé bon de rajeunir bien des accents de David par des applications à sa propre époque. Ainsi, dans le psaume 150, il ne craint pas de convier les instruments modernes à chanter la gloire de Dieu. Voici deux strophes de la fin, qui permettent déjuger du procédé ; la dernière est toute de l’invention du poète :

 
Que les claviers sacrés où, sous des mains adroites,
l’air qui chante en sortant de leurs prisons étroites
forme ces saints accords dignes de nos autels,
en leur docte harmonie honorent l’influence
dont le divin rayon dans 1 esprit des mortels
inspire la science.

Que notre âme, à jamais de sa bonté ravie,
ait pouvoir d’animer ce qui na point de vie ;
et vous, fer, vous, airain, vous, roseaux, et vous, bois,
vous, corps sans mouvement qui naissez dans la fange,
rendez grâce au Seigneur qui vous donne des voix
pour chanter sa louange.

Bientôt Racan eut fait dans des rythmes variés,

  1. La Vierge seule fut exposée au Petit Palais, en 1900, sans aucune indication, naturellement. Elle vaut, à elle seule, une visite entre deux trains, à Saint-Paterne (Indre-et-Loire).