Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/207

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dit-on, à l’un de nos modernes immortels, dont le chien familier mâchonna sans scrupule un chapitre de l'Histoire de Richelieu.

Racan, lui, fut enchanté, et plein de reconnaissance pour le jeune levron qui l’avait forcé à refaire sa harangue : « Je ne say point, dit-il, d’autre finesse pour polir ma prose que de la rescrire plusieurs fois. »

Il fut un académicien modèle, très assidu aux séances, toutes les fois qu’il séjournait à Paris, et très aimé de ses confrères, la plupart roturiers, que charmait la bonhomie de ce gentilhomme. Il aimait particulièrement à voir deux d’entre eux, Gonrart et Chapelain, lorsque ses procès l’appelaient à Paris, et à discuter avec eux sur des sujets littéraires, notamment dans la belle propriété que Conrart possédait à Athis. Nous avons vu comment son étourderie fut durement punie par la double perte de leur amitié[1].

C’est qu’en bon Tourangeau, Racan aimait à rentrer vite en Touraine, rappelé par les travaux des champs, surtout par la vendange, à laquelle jadis s’intéressait déjà son père, et, de là, il envoie à ses amis de charmantes lettres continuant les discussions orales et qui fleurent bon la campagne. L’une d’elles qu’il écrit, dit-il, « la cervelle brouillée des vapeurs de son pressoir », débute ainsi :

« Adieu paniers, vendanges sont faites. Enfin,

  1. V. plus haut p. 136.