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QUELQUES POÈTES

Fils de la Nuit et du Silence,
qui peut les esprits délier,
qui fait les soucis oublier,
endormant toute violence,

… Clos mes yeux, fais-moi sommeiller,
je t’attends sur mon oreiller,
où je tiens la tête appuyée ;
je suis dans mon lit sans mouvoir,
pour mieux ta douceur recevoir,
douceur dont la peine est noyée.

… Un petit ruisseau doux coulant
à dos rompu se va roulant,
qui t’invite de son murmure ;
et l’obscurité de la nuit,
moite, sans chaleur et sans bruit,
propre au repos de la nature…

Avec délicatesse aussi le courtisan avait goûté la campagne, où venaient fidèlement le rejoindre ses quartiers de rentes, et il y a bien de la verdure dans les pièces qu’il a réunies sous le nom de Bergeries :

Ô bienheureux qui peut passer sa vie
entre les siens, franc de haine et d’envie,
parmi les champs, les forêts et les bois,
loin du tumulte et du bruit populaire,
et qui ne vend sa liberté pour plaire
aux passions des princes et des rois ! etc…

Enfin, dans les premières années du XVIIe siècle, Desportes, à l’âge où le diable a coutume de se faire ermite, mettait la dernière main à ses Poesies chrestiennes, où il chantait, non sans bonheur, la miséricorde infinie de Dieu, sur laquelle il éprouvait tant le besoin de compter :