Page:Arvers - Poésies, 1900.djvu/303

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Je ne suis pas de ceux qui vont dans les orgies
S’inspirer aux lueurs des blafardes bougies,
Qui, dans l’air obscurci par les vapeurs du vin,
Tentent de ranimer leur muse exténuée,
Comme un vieillard flétri qu’une prostituée
Sous ses baisers impurs veut réchauffer en vain.

Je crois que le génie est un fils du mystère,
Qui veut être lavé des fanges de la terre,
Pour marcher dans sa force et dans sa liberté ;
Je crois qu’un vase infect en souillerait la flamme ;
Que, pour l’œuvre divin, le corps, ainsi que l’âme,
À besoin de pudeur et de virginité.

C’est ainsi que j’entends l’œuvre de poésie :
Chacun de nous s’est fait l’art à sa fantaisie,
Chacun de nous l’a vu d’un différent côté.
Prisme aux mille couleurs, chaque œil en saisit une
Suivant le point divers où l’a mis la fortune :
Dieu lui seul peut tout voir dans son immensité.

Conserve ta croyance et respecte la nôtre,
Apôtre dévoué de la gloire d’un autre ;
Fais-toi du nouveau Dieu confesseur et martyr.
Ne crois pas que mon cœur cède comme une argile,