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Corne, soutenu par les ministres français, qu’il doit d’avoir été reconnu comme évêque de Québec par le gouvernement anglais.[1] Ces bons offices de la France ne sont pas sans porter ombrage à Londres. En 1766, l’ambassadeur de Louis XV, M. de Nivernois, voulant présenter M. de la Corne à la cour de Georges III, se voit rappeler brutalement que l’Angleterre voit ces démarches d’un mauvais œil. Douze ans après la conquête, on refuse à la France la permission de décorer les miliciens canadiens qui ont servi dans la dernière guerre. Enfin, il est aujourd’hui prouvé, archiprouvé, que ce fut Louis XV qui prépara sur le sol américain la revanche du traité de Paris. Avant sa mort, il put voir sa marine relevée, et vérifié par la désaffection des colonies américaines le mot profond de son ministre : « Nous les avons mis dedans. »

La répudiation partielle de la monnaie de papier ne justifie pas davantage, croyons-nous, l’épithète de « royal banqueroutier » appliquée à Louis XV par M. l’abbé Groulx d’après Émile Salone. Loin de moi de vouloir atténuer la misère où était tombée la colonie en 1759 du fait de la guerre. Nous savons cependant combien peu nos ancêtres prisaient la monnaie fiduciaire et

  1. Dans la grande Histoire du peuple acadien qu’il vient de publier chez Bossard, à Paris, M. Émile Lauvrière montre qu’en 1793 la France payait encore des pensions à celles des victimes de l’hypocrite cupidité puritaine qu’elle avait pu rapatrier. Comment aurait-elle pu être pour nous une mère dénaturée ? — O. A.