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menacée tantôt par l’Espagne, tantôt par la maison d’Autriche, tantôt par la Prusse naissante (déjà dangereuse par son mépris des traités), fut presque constamment en guerre avec les grandes puissances européennes. Ce ne fut là qu’un des nombreux obstacles à la croissance de la colonie. Durant les quelques années qui précèdent la guerre de 1914, chaque année 300,000 Anglais quittent leur pays, contre 10 à 15,000 Français. Les dispositions respectives des deux races ne différaient probablement pas il y a deux siècles, et cela ressort des campagnes qu’il fallait poursuivre, des compagnies qu’il fallait former, pour amener ici quelques douzaines de familles dans le même temps que la Nouvelle-Angleterre en recevait des centaines. Le 17e siècle apporte des troubles religieux à la France comme à l’Angleterre, mais tandis que l’Angleterre peuple ses colonies avec ses dissenters, la France ferme les siennes aux huguenots. Et si M. Groulx croit devoir approuver cette politique des rois de France, au moins qu’il ne s’étonne pas trop de la lenteur de la colonisation française. Les deux nations feront peser sur leurs colonies la même tutelle économique, mais tandis que la Nouvelle-Angleterre peut communiquer toute l’année par la mer avec l’extérieur, en particulier avec les Antilles et l’Amérique espagnole, qui sont relativement à ses portes, pendant sept mois de l’année la Nouvelle-France est enfermée dans sa carapace de glaces. Sur la manière dont se recrutent