Page:Asselin - Pensée française, pages choisies, 1937.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
LA GRÈVE DE L’INTERNAT

Baptiste, s’associèrent à la sommation des internes. De tout côté on téléphonait avec arrogance, parfois grossièrement, au secrétaire de Notre-Dame, M. Laporte, au président du conseil médical, le Dr Albert Lesage, à divers autres représentants de l’autorité, pour leur demander la raison de faits imaginaires tendant à jeter un jour odieux sur l’engagement du Dr Rabinovitch, et les menacer de boycotter l’Hôpital Notre-Dame à Montréal et dans la province. Le Devoir, qui sans prendre parti ouvertement (les annonceurs juifs ont, n’est-ce pas, droit au respect) s’est appliqué consciencieusement à exciter les passions populaires en propageant les inventions malicieuses dont nous avons parlé (il est même allé jusqu’à raconter que Rabinovitch avait exigé en compensation une bourse d’études en Europe), constatait mardi :

« Parmi les sociétés qui ont protesté contre le contrat conclu entre l’hôpital et M. Rabinovitch, on relève les noms suivants : l’Ordre des Canadiens de naissance, l’Association catholique des Voyageurs de Commerce, plusieurs sections de la Société Saint-Jean-Baptiste, les Chevaliers de Carillon, les Épiciers-Bouchers (Note de l’Ordre : « catholiques », sans doute ?), la Feuille d’Érable rouge (par l’entremise de son représentant, M. Pelletier) et plusieurs autres. »

Il y avait évidemment un mot d’ordre, dont l’aumônier de l’Association Catholique des Commis-Voyageurs pourrait peut-être nous dire l’origine.

Devant ce concert de calomnies, de récriminations, de menaces, la direction de l’hôpital s’affola. L’intérêt, l’honneur même de l’établissement, exigeait qu’elle tînt tête à la meute, sauf à faire connaître la vérité par la presse (qui à l’exception du Devoir lui était acquise tout entière) et par la