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PENSÉE FRANÇAISE

part d’entre nous, le vocabulaire français s’arrête littéralement à 1760, et que d’autre part il n’y a guère plus d’un quart de siècle que le Français s’intéresse de nouveau aux choses d’avant la Révolution.

Un contact plus étroit avec le Canada serait plus utile à la presse française

pour son information.

Je n’entends pas forcément par là l’information de chaque jour : songeons seulement à celle que tout journaliste doit porter dans son esprit ou avoir sous la main pour se faire à l’occasion une idée sur les événements. Entendons surtout celle qui sert à donner une idée exacte des institutions et de l’esprit d’un peuple. Le journal français ne saurait traiter des affaires de notre pays d’une manière congrue, sauf par hasard et très rarement, s’il ne connaît pas : la différence, à tous égards énorme, à établir entre le Canada français et le Canada anglais, entre la Confédération et les provinces, en particulier ce Québec que trop de Français confondent avec le pays ; la disposition et l’étendue géographique du pays et la faible densité de sa population ; le partage du pouvoir politique entre le gouvernement central et les gouvernements locaux ; la lutte du particularisme français contre les tendances généralement envahissantes et assimilatrices de la majorité ; le caractère religieux de ce particularisme ; les relations de la Confédération ou, comme vous dites, du Dominion, avec la métropole (en passant, la plupart d’entre vous connaissent assez de latin pour savoir que ce mot de dominion auquel l’Angleterre voudrait attacher et auquel vous attachez ordinairement vous-même une idée de souveraineté veut dire possession) ; la nature de nos relations économiques avec les États-