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PENSÉE FRANÇAISE

Il y a enfin des hommes qui ne s’intitulent pas socialistes et dont néanmoins les idées sur les besoins de la Société et les devoirs de l’État s’écarteraient assez des formules ordinaires pour mériter ce qualificatif. Ils posent en principe le droit d’initiative et de propriété individuelle, ils ne veulent pas d’un État-Providence, qui, sans confisquer tous les biens à son profit, entreprendrait de corriger tous les maux inhérents à l’humanité et finirait probablement par n’être qu’une bonne vache à lait pour les malins. Et cependant, le régime actuel les révolte ; ils ont horreur de ces gouvernements-emplâtres bons seulement pour faire suer des taxes aux administrés. Ils croient que dans un pays neuf comme le nôtre, où il n’y a heureusement ni aristocratie terrienne ni privilèges héréditaires et où l’aristocratie financière ne vient que de naître, où, d’un autre côté, les richesses naturelles sont épandues partout sur le sol et dans les entrailles de la terre, il suffirait à l’État, pour créer un état social sinon parfait, du moins bien supérieur à ceux que l’humanité a connus jusqu’ici :

1o D’égaliser les chances de tous en ne créant aucun privilège ;

2o D’assurer au peuple la plus grande jouissance possible des richesses naturelles, soit en exploitant ces richesses lui-même, soit en les faisant exploiter dans des conditions déterminées par lui ;

3o De monopoliser les transports et autres industries qui ont de tout temps servi à l’accumulation de la richesse entre les mains du petit nombre et au déséquilibrement de la puissance politique ;

4o De confisquer au profit de la collectivité toute industrie définitivement monopolisée, quitte à la faire régir en son nom par des particuliers ;

5o D’empêcher la formation de trop grandes fortunes par l’impôt progressif sur le revenu — impôt qui frappe, encore plus peut-être que le tra-