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PENSÉE FRANÇAISE

des choses ou à la Providence divine le soin de noter et de récompenser votre effort. Et quand le soir viendra, que la fleur de votre rêve ait porté fruit ou qu’un rayon de soleil l’ait rejetée, à peine éclose, au pullulement universel, vous vous coucherez avec la réconfortante certitude d’avoir contribué, dans la mesure de vos forces, à l’harmonie de la création.

Je vous remercie d’avoir eu une pensée pour le Nationaliste dans votre manifestation. Cette pensée me prouve qu’à travers le décousu ordinaire de nos écrits, vous avez su lire l’intention droite, le dévouement sans mélange aux intérêts supérieurs de l’Humanité et de la Patrie. Vous êtes allés saluer, dans nos aînés de la Presse et de la Patrie, des hommes qui n’entendent ni ne pratiquent comme nous, qui, à notre sens, entendent et pratiquent plus mal que nous l’apostolat du journalisme. C’était probablement pour dire à ceux-ci que vous ajoutez foi à la nouvelle de leur retour prochain au bercail canadien-français, à ceux-là, que vous leur savez gré de témoigner, au milieu de leurs inconséquences, quelque attention à la belle cause de l’instruction publique. Du reste, et je m’empresse de le dire au nom d’un journal qui préfère lui-même le geste fou au geste mesquin, ce serait un triste jour que celui où la jeunesse de Laval, vieillotte avant l’âge, aurait appris à toujours contenir ses enthousiasmes.

Encore une fois donc, merci, et que chaque année, à pareille époque, en nous rappelant ce beau jour, chacun de nous puisse demander à sa conscience le témoignage de n’être pas un frelon dans la société, de n’avoir jamais ressenti, au spectacle de la misère humaine, que la virilisante passion de faire quelque chose pour la soulager.


Le Nationaliste, 30 septembre 1906.