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PENSÉE FRANÇAISE

nadien-français, — mais il me plaît surtout pour la blague qui s’y manifeste insolemment et qui, prise comme elle doit l’être, reposera de l’Idéal et des Aspirations avec majuscules.

Que j’aie compris tout de suite tout ce qui est en Mignonne, c’est une autre paire de manches, comme dirait M. Edmond Rostand. J’ai peu lu Nietzsche, et je le regrette ; les « livres » du Crédit Métropolitain, limitée (aie ! aie !), m’ont pris ces dernières années un temps que j’aurais été heureux de consacrer à l’étude de ce philosophe familier, j’en suis sûr, à MM. Napoléon Séguin et L.-A. Lapointe. Mais je connais le mysticisme visionnaire d’Hello et le catholicisme plus fantasque qu’hétérodoxe de d’Aurevilly, et il m’a semblé que la blague de Mignonne était plutôt, presque uniquement, la blague à froid des Ethopées. Or, la blague à froid est précisément celui de tous les genres de blagues qui vous taxe le plus l’entendement. Ce n’est du reste pas la première fois que je me serai trouvé interloqué devant la Blague. Après trois années de réflexion je n’ai pas encore pu me décider à dire si le Sartor Resartus de Carlyle, regardé par plusieurs comme le chef-d’œuvre de la blague anglo-teutonne, est oui ou non un ouvrage spirituel. Moi qui reconnais en Peladan un des critiques les plus pénétrants et un des maîtres écrivains de la France contemporaine, je cours encore après le sens divers et fugitif des Ethopées. Je lirais plutôt Confucius dans l’original que je ne verrais goutte dans Baruch ou dans l’Apocalypse. Les notes, heureusement, sont venues à mon aide : j’ai compris et me suis gaudi.

Si le lecteur est comme moi embarrassé, il lira comme moi les notes. Si les notes ne lui paraissent pas claires, il m’imitera une fois de plus en relisant les Phases (entre nous, ce n’est pas Delahaye qui s’en plaindra). Mais qu’il comprenne parfai-